Up On Gravity Hill
METZ
METZ, c’est ce groupe lancé à tombeau ouvert sur la grande autoroute du rock alternatif depuis une dizaine d’années maintenant. Et quand on les écoute, on n’a pas l’impression d’être un simple spectateur de leur dangereuse épopée, mais bien d’être assis à leurs côtés, sans ceinture, à la place du mort.
Mais ce n’est pas parce que la musique de METZ fait penser que ces trois-là roulent trop dangereusement pour avoir le moindre recul sur leur production que c’est ce qui se passe dans les faits. En tout cas, on a vraiment envie de croire que le groupe canadien a posé le même constat que nous en reposant son Atlas Vending de 2020 sur la platine : on y entendait une formation arrivée au bout de sa proposition, chez qui commençait à poindre une fatigue bien compréhensible. METZ aurait pu s’acharner, tenter par tous les moyens de retrouver le feu sacré, voire faire les yeux doux au sorcier Steve Albini pour qu’il leur rouvre les portes de ses studios Electrical Audio, d’où était ressorti en 2017 ce Strange Peace si ébouriffant.
Mais plutôt que de courir après une époque dont il s’est peut-être lui-même lassé, le groupe découvre les joies de l’embrayage et de la pédale de frein, adapte sa conduite pour, en réalité, tirer enfin profit du formidable moteur qui se trouve sous le capot. Bien sûr, on entend toujours chez METZ ces influences noise, grunge et post-hardcore, et on pense souvent à Drive Like Jehu, aux Melvins ou à Nirvana quand on essaie de vendre le groupe à un pote qui aurait réussi à vivre sans un de leurs disques ces 20 dernières années (le grand fou !), mais il y a désormais un sens de la mesure, une intelligence et une maîtrise technique que l’on décelait difficilement quand le groupe était en surrégime permanent.
Dans un monde qui a rarement semblé aussi chaotique qu’en 2024, il est paradoxal de voir un de ses plus brillants architectes commencer à lui tourner le dos pour trouver le bonheur dans des plaisirs, osons le mot, pop. Cela ne vous semblera peut-être pas évident à l’écoute de l’imparable « 99 », pourtant c’est bien une petite révolution qui se dessine. Alors espérons que ce n’est que le début du soulèvement, parce que Up On Gravity Hill est de loin le meilleur album de METZ à ce jour.